mardi 13 novembre 2007

La politique comme création


Les dernières semaines ont été littéralement noyées sous l’actualité politique. Avec parfois, à la clef, une désagréable sensation de faux et de trompe l’œil. Alors, pour qui ne vibre plus à l’écoute de la vie politique du palais fédéral, pourquoi ne pas se (re)tourner vers une classique de la pensée politique du 20è siècle ? Hannah Arendt, Allemande émigrée aux Etats-Unis dans une Europe en guerre, aurait fêté en 2006 son centenaire. Ses interrogations d'après-guerre demeurent pour nous des sujets hautement actuels. Outre ses fameux écrits sur le totalitarisme, la philosophe s’est imposée comme une figure centrale de la pensée du politique. Avec une question essentielle et décisive, traversant l’entier de son œuvre : qu’est-ce que la politique ? La réponse qu’y apporte Arendt se construit sur les concepts de diversité et de liberté. Florissant sur ce socle, la politique authentique devient création, appel au radicalement nouveau.
La politique, c’est avant tout l’action qui prend naissance dans la sphère publique. Un espace où les individus interagissent et partagent leurs opinions, le royaume de la diversité. Au sein de cette multitude, chacun jouit d’un droit à la liberté. La condition de survie de cette société se trouve résumée dans l’égale participation de tous à cette diversité. Quel est l’idéal de l’action politique qu’appelle Arendt de ses vœux ? Si elle se veut authentique, la politique doit être création. Elle n’est jamais une gestion ou une administration des acquis, là n’est pas son rôle. « Rien de plus dangereux que de ne plus penser », dira Arendt tout au long de sa vie. L’action politique est un appel à faire exister quelque chose de radicalement nouveau : le monde doit s’enrichir d’un nouvel apport.
On le pressent à la découverte de cette définition: les épisodes de politique authentique sont très rares. Brillants et révolutionnaires, ils ont la capacité de transformer la société qui les voit fleurir. Non sans heurts parfois. Pour qui n’y croit plus, lassé de faux débats et de prétendues avancées démocratiques, pourquoi ne pas s’intéresser à cette grande soif de création ?


A découvrir : Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne

Johan Rochel

Chronique publiée dans le magazine "Le Vendredi"

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