mardi 20 novembre 2007

Derrière le minaret: l'Islam

Les sympathisants de l’UDC et de l’UDF sont toujours en quête de signatures pour leur dernière initiative commune. De quoi s’agit-il ? « D’interdire un symbole de pouvoir politico-religieux (ndlr : le minaret) qui exclut la tolérance afin de garantir la liberté religieuse pour tous », comme l’explique l’argumentaire disponible sous www.minarets.ch.
Pourquoi vouloir interdire les minarets (deux existent déjà, à Genève et Zürich) ? Car ceux-ci excluraient la tolérance. Poussons le raisonnement à son terme. Le minaret n’est qu’une construction – un assemblage de pierres – et ne saurait ainsi être affublé de l’adjectif « intolérant ». Seuls peuvent l’être les personnes qui demandent son édification. De même pour le « symbole de pouvoir politico-religieux ». En tant que symbole, il représente des personnes (les Musulmans) qui, elles, peuvent être accusées de cultiver une volonté de puissance. Le raisonnement est clair : vu que le minaret n’est que le produit de la volonté de certains croyants, les qualificatifs proposés par l’UDC/UDF retombent en toute nécessité sur ces personnes.
Le minaret n’est alors que l’excuse – le paratonnerre – des critiques que tous les intolérants souhaiteraient adresser directement aux Musulmans. Par respect pour une liberté religieuse (qu’ils voudraient voir fortement restreinte), les initiants n’osent s’attaquer de suite aux croyants. Et pourtant, il ne fait guère de doutes que les signataires de l’initiative nourrissent des sentiments anti-musulmans.
Derrière la critique du simple indicateur de la présence d’un lieu de culte musulman (l’équivalent exact d’un clocher !), c’est la critique d’un Islam perçu comme barbare et menaçant qui se met à jour. Un Islam que les initiants ne veulent comprendre, qu’ils caricaturent honteusement et qu’ils sont tout juste prêts à tolérer en Suisse, si tant est qu’il se terre. N’ont-ils pas compris qu’une visibilité plus grande entraîne également un devoir de transparence ? N’ont-ils pas compris qu’une présence visible est indissociable de plus d’intégration ?

Johan Rochel

Chronique publiée le vendredi 25 mai 2007 dans le magazine "Le Vendredi"

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