Pourquoi se trouve-t-on comme attiré vers le marché de Noël ? Je suis convaincu que nous venons, dans une vaste majorité, y chercher quelque chose d’essentiel: la sensation d’appartenance à une même communauté. Quoi de plus rassembleur que la sensation de participer à un évènement au cours duquel tout un chacun semble trouver sa place ?
Le sociologue allemand du 19è siècle Ferdinand Tönnies a distingué pour la première fois entre la Gemeinschaft et la Gesellschaft, distinction que l’on pourrait redonner imparfaitement en français par communauté et société. Le premier concept décrit le vivre-ensemble, le fait de partager quelque chose de commun (gemein). Le deuxième concept traduit à sa manière le simple fait de vivre-avec. Un endroit où les membres d’une société sont simplement posés l’un à côté de l’autre, sans toutefois partager d’expériences communes. Le marché de Noël nous offre peut-être une occasion de renouer avec ce sens de la communauté. Il nous permet d’expérimenter notre appartenance à la Gemeinschaft. De manière semblable à ces marchés, les manifestations sportives de grande envergure nous offrent un exemple de communauté. Nous aurons encore l’occasion de le vérifier en été 2008 au cours de l'Euro.
A l’heure où l’on vante (à raison) le pluralisme de nos sociétés – le fait que toutes sortes de personnes vivent dans un même espace donné -, il est certainement vital que l’on invente de nouvelles formes de vivre-ensemble, auxquelles chacun puisse s’identifier. C’est dans cette exigence que se trouve résumée toute la difficulté de l’opération : rassembler les gens de différentes cultures, mais également les différentes générations d’une même culture.
Johan Rochel