lundi 22 septembre 2008

Eloge de la mobilité scolaire

Bougez, agrippez, progressez ! Si elle le pouvait, la mobilité scolaire rougirait, tant on vante au quotidien les innombrables possibilités de créer des ponts entre différentes formations, outils du progrès vers toujours plus d’excellence. Il n’y a que du positif à l’horizon de la mobilité scolaire. Toutefois, avant qu’elle ne puisse déployer l’entier de son potentiel, la nouvelle approche de la formation tout en mobilité doit encore bousculer quelques idées reçues.
Comme l’a récemment formulé de manière bien tranchée l’hebdomadaire Die Weltwoche, le collège traverse une sorte de crise, piégé entre exigence de qualité (élitisme) et ouverture à tous (baisse des exigences). S’il avait encore il y a peu le monopole de la formation d’une certaine élite, le collège doit aujourd’hui se (ré)-inventer une place. Malgré cette réalité en plein changement, l’institution gymnasiale représente encore pour bien des personnes le seul Graal capable d’assurer un avenir professionnel florissant.
Une croyance qui contraste avec les auditoires des universités et des HES, remplis d’étudiants aux parcours bigarrés. Ces premiers cobayes de la mobilité exhibent un CV aux atours séduisants : expériences professionnelles au cours d’un apprentissage, capacité à mener de front plusieurs activités avec une formation en emploi, volonté de se déplacer dans un espace géographique de formation sans cesse en expansion. A n’en pas douter, ils seront loin du fond de la pile sur les bureaux de recrutement.
Sur les fronts des apprentissages, la situation est là aussi positive. Dans un livre intitulé « Warum sind wir so reich ? », Rudolf Strahm, l’ancien M. Prix, explique qu’une grande partie des mérites de l’économie suisse doit revenir au système d’apprentissage dual, permettant une rapide et très bonne intégration sur le marché du travail. Il rappelle ainsi que, plus que jamais, l’apprentissage est un investissement de première qualité en Suisse.
En rapprochant ces deux constats, et en osant un scénario original, je demande dans combien de temps il sera devenu normal de voir un élève de 3ème du cycle d’orientation déclarer qu’il souhaite se rendre à l’EPFL, mais qu’avant tout, il va réaliser un apprentissage technique puis faire une passerelle via maturité professionnelle et HES. Qui prend les paris ?

Johan Rochel
www.chroniques.ch

lundi 8 septembre 2008

Les meilleurs au Conseil général

Comme lors de chaque échéance électorale, les partis cherchent à remplir les listes de candidats au Conseil Général. Seulement voilà, les volontaires ne se pressent pas au portillon. La situation est telle que les partis promettent parfois « quelques petites réunions dans l’année », qui n’occasionneraient qu’un minimum de travail. En clair : devenez conseiller général, et il ne vous en coûtera rien ou si peu.
Déboucher sur de telles aberrations donne un signal très clair : le système est vicié. Il amène parfois au législatif des personnes peu motivées, ou peu conscientes de la somme de travail exigée.
En théorie, le rôle du législatif est pourtant de première importance. C’est lui qui donne l’impulsion nécessaire au travail de l’exécutif. De plus, il doit posséder les ressources et les compétences nécessaires pour enquêter et contrôler le travail des membres de l’exécutif. Au sens le plus noble du terme, le travail du législatif est donc d’une autre trempe que celle d’exécuteur ou grand gestionnaire : il dessine les grandes lignes, capable d’exercer une vue souveraine sur la vie de la cité.
Ceux qui ont tout vu et tout fait en politique répondront d’un revers du main : belle théorie. A tous les échelons, mais peut-être de manière encore plus sévère à l’échelle d’une ville comme Monthey, la réalité est en effet bien différente. C’est un exécutif de plus en plus professionnel qui mène le bal et répond aux attentes de la population. Le législatif est réduit à une instance de légitimation, plus ou moins consciencieuse.
Comment répondre à ce défi et donner un véritable pouvoir au législatif ? La solution idéale consisterait à redonner le goût de la chose publique. Pourquoi ne pas enseigner la noblesse de l’acte civique dans nos écoles et rendre attractifs les postes où l’intérêt de tous est en jeu ? Parce qu’elle est une belle et importante activité, la politique mérite que les meilleurs et les plus motivés s’y attèlent.
« Inatteignable » rétorqueront certains. Cherchons donc une solution plus prosaïque. Pourquoi ne pas entamer une réflexion sérieuse sur le nombre de conseillers généraux ? Pourquoi ne pas préférer la qualité à la quantité, même si la représentativité y laisse quelques plumes ? De plus, ne faudrait-il pas munir le législatif d’un véritable pouvoir d’investigation ? D’une part, lui donner les ressources nécessaires pour travailler un profondeur les différents dossiers et, d’autre part, peut-être revoir à la hausse les émoluments versés aux conseillers généraux. L’enquête publiée dans Bilan durant l’été – au titre univoque Les parlementaires communaux reçoivent des salaires de misère - montre en effet de substantielles différences entre les différents législatifs. Monthey, avec un coût de 1,48 franc par habitant, se montre particulièrement économe. Jusqu’à rogner la motivation nécessaire ?

Aux élus motivés de l’automne prochain, je souhaite le meilleur pour leur engagement. Aux autres, je les enjoins à revoir leur décision avant de se présenter devant le peuple.

Johan Rochel
www.chroniques.ch