mercredi 20 mai 2009

L’artiste engagé et le divertissement pur sucre

Depuis bientôt deux mois, le Château de Monthey accueille un artiste québécois en résidence. Le programme de soutien - mis sur pied par le canton du Valais et la commune de Monthey - permet à un artiste avec une oeuvre à portée "sociale" de séjourner dans le Chablais pour une durée de 4 mois.

L'habitant actuel du Château montheysan s'appelle Martin Ferron. Un Québécois à l'oeuvre artistique teintée d'engagement social, intéressé par les questions de société les plus diverses et par les défis environnementaux.
Outre le contenu de son oeuvre, sa personnalité d'artiste tranche avec le politiquement correct de certains chanteurs. D'ailleurs, le Québécois ne mâche pas ses mots face à une industrie culturelle parfois complaisante, fabrique de stars à la petite semaine. Sur la scène des Star Academy et autres productions de starlettes à la chaîne, les artistes naissent, chantent et disparaissent comme autant d’éphémères.
La vision sans compromis d’un artiste engagé telle que défendue par le Québécois du Château montheysan tranche avec ces divertissements sans grande profondeur. L’artiste se doit de proposer une analyse pertinente et une critique sérieuse de sa société. Son rôle social se comprend surtout à travers sa capacité à provoquer l’interrogation, à montrer sous une lumière différente les détails du quotidien mais aussi à remettre en question les structures plus profondes du monde où il évolue. Cette vision de l’art replace le créateur et sa création au centre de la polis et les transforme en véritables acteurs de la vie en société.
Cette vision n’est pas nouvelle, mais, aujourd’hui, elle ne semble pas correspondre à ce qui est attendu de l’artiste comme personnalité publique. Sur les plateaux télé, il est invité pour la promotion de son dernier opus. Une chanson, quelques questions d’ordre personnel, puis, en tenant le CD du chanteur bien haut face à la caméra, l’animateur bien attentionné mentionnera les dates de la tournée. Trois petits tours et puis s’en vont : par ici les coulisses. On me reprochera un style caricatural. Mais mes détracteurs ne pourront manquer de remarquer que les émissions où l’artiste est invité pour lui-même, pour ses positions politiques, ses idéaux, ses critiques ne sont pas légions.
Et pourtant, le contenu de la création, mais également la personnalité de l’artiste, sont d’une importance absolument primordiale. En usant du vecteur puissant de la beauté, l’artiste ouvre une fenêtre sur un monde différent. Ses créations sont une invitation à l’évasion. Durant ce moment bref et infini à la fois, il nous emmène dans une réalité nouvelle et percutante.

Johan Rochel
www.chroniques.ch

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