lundi 1 juin 2009

Penser la communication sans violence


Au quotidien, des phrases fugaces, à l’apparence anodine. Parfois sur le ton de la plaisanterie, ou sur le mode du reproche, ces petites piques acérées rythment nos rapports humains. Chacun s’est habitué à cette violence banalisée, qui semble trouver place dans les moindres recoins de nos contacts avec les autres. Au travail, en famille ou dans le couple, ces agressions journalières, bien souvent inconscientes, n’en finissent pourtant pas de blesser nos interlocuteurs.


On ne saurait l’oublier : la violence n’est pas que physique. Parfois autrement plus dévastateurs, les coups pleuvent aussi dans nos paroles et nos façons d’être. Et il est souvent difficile de trouver les mots pour décrire ces meurtrissures, tant elles font partie de notre quotidien. On prend alors sur soi, tandis que ces blessures s’accumulent et gagnent parfois en intensité, agissant sur le long terme. Dans le monde du travail, humiliations, pressions, rabaissements, moqueries et oppressions ont trouvé une résonance à travers le terme de « mobbing ». Et même si elle peine à rendre compte d’une réalité à la fois complexe et protéiforme, l’expression a le mérite d’attirer l’attention sur une série de comportements destructeurs.


Si la violence dite « psychologique » est de tous les instants dans nos interactions sociales, elle ne se confond pas avec les simples conflits. S’ils sont définis comme la rencontre d’intérêts divergents, les conflits apparaissent comme une conséquence inéluctable de la diversité des opinions humaines. Les appréhender et les résoudre sans excès de violence, notamment à travers une communication satisfaisante pour tous les partis, représentent certainement la clef de voûte de relations sociales pacifiées.


Les chercheurs et praticiens ont développé de nombreux modèles de communication dite « non violente ». La majorité semble partager quelques principes de base, censés réguler et améliorer notre mode d’interaction avec les autres. L’exigence de formuler clairement ses propres besoins et sentiments forme un pôle « parole », tandis que l’exigence de prêter une oreille attentive et sincère aux préoccupations de l’autre constitue le pôle « écoute ». Dans cette dialectique faite d’expression consciente et maîtrisée et d’écoute empathique, cette communication d’où l’on expurgerait une violence banalisée laisse entrevoir la possibilité d’échanges plus sereins.


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Johan Rochel

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