vendredi 7 octobre 2011

Lettre ouverte à une future parlementaire

Après avoir adressé quelques missives à des personnalités quittant la scène fédérale – Dick Marty, Joseph Zisyadis et Michael Reiterer – cette lettre ouverte t’est destinée, future parlementaire. Je me permets de te tutoyer et de m’adresser à toi sur le mode féminin, comme autant de facettes de mon souhait de représentativité. A quelques jours des élections, je souhaite tout d’abord te souhaiter bonne chance et te féliciter. A écouter ceux qui tirent leur révérence, la vie dans la Berne fédérale ressemblerait à s’y méprendre à une longue promenade dans un quartier mal famé. Le mélange d’attirance et de peur que provoque un coupe-gorge à la nuit tombée. Unisono, ils ont souligné à longueur d’interviews qu’une carrière politique était devenue plus dure, les coups plus violents, les méthodes plus vicieuses. Et toi, future représentante du peuple, tu espères que le souverain t’envoie dans ce curieux et prestigieux pugilat. Il ne fait guère de doute que la pression a augmenté, ou tout du moins changé de nature. L’omniprésence des médias, la nécessité de se profiler sur de nouveaux canaux de communication, mais également les moyens investis dans les campagnes ont massivement changé la vie politique. A n’en pas douter, ces bouleversements ont des répercussions immenses sur le type de personnalité qui sera choisie pour aller à Berne. On n’oublie trop souvent que les « talents » politiques sont fonction des conditions de notre vie en société, en première ligne le fonctionnement des médias. On peut le regretter ou s’en réjouir, cela ne change en rien le constat de base. Espérons que tu passes dans ce nouveau schéma. Que faut-il te souhaiter alors que les urnes délivreront bientôt leur réponse ? « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » proclamait Danton. Aucune maxime ne saurait mieux rendre les prouesses qu’il te faudra accomplir. Ne sois pas obnubilée par les soucis du quotidien des Suisses, pense au bien commun sur le long terme. Ne t’occupe pas de flatter l’ego des électeurs, cherche à leur présenter une vision du monde à la fois réaliste et inspirante. Ne regarde pas le bout de la lorgnette, mais ose prendre une vue d’ensemble, là où la Suisse n’est plus le centre du monde. Le quotidien te rattrapera toujours, alors n’hésite pas à forcer le trait à tes débuts. Sois néanmoins prévenue : cela ne sera pas facile. Beaucoup te traineront dans la boue. Mais ne faut-il pas vivre dangereusement ? J’ai la ferme conviction que les électeurs attentifs sauront honorer la performance d’une femme politique de grande stature. J’ai également l’intime espoir qu’ils sauront punir les simples gestionnaires, les esprits peu conquérants et les gesticulateurs à la petite semaine. Sur le chemin de la capitale, je t’envoie tous mes vœux pour une législature haute en couleurs. Johan Rochel www.chroniques.ch Cette lettre ouverte est la quatrième et dernière d’une série dédiée à certaines personnalités quittant la scène fédérale.

1 commentaire:

Matthieu a dit…

Félicitation Jo pour ces quatre lettres ouvertes. J'aime bien la tournure de la dernière. Et chapeau pour "les gesticulateurs à la petite semaine"!