vendredi 4 mars 2011

Le bonheur est dans le chemin

Il y a peu, j’ai lu un article portant sur la recherche du bonheur. Après quelques considérations générales, l’auteur en venait à la fameuse rubrique des conseils pratiques. L’un d’eux était aussi simple que surprenant : changer de chemin quotidien pour aller au travail. Intéressé sans être convaincu, j’ai refermé le journal en pensant « Un article de plus sur la recherche du bonheur ».

Le lendemain matin, en enfourchant mon vélo, l’étrange proposition m’est revenue à l’esprit et j’ai décidé de choisir un autre chemin. Je bifurquais alors au premier carrefour, prenant par un quartier résidentiel plutôt que par la voie directe. La première sensation fut celle d’un étrange changement de décor. Ces bâtiments, ces routes et ces gens qui peuplaient mon quotidien à la manière d’un fond d’écran mouvant avaient disparu. Le chauffeur de tram qui use prudemment de son klaxon ? La patronne de pharmacie qui sort son panneau de prix ? Le groupe d’enfants qui se rendent à la crèche ? Tous s’étaient évanouis, comme remplacés à la dernière minute dans le casting de mon parcours quotidien.

Les yeux grands ouverts, j’avançais à travers ces nouvelles contrées. Tout apparaissait sous un jour nouveau. Comme dans un film de Jean-Pierre Jeunet, je me sentais porté par un enthousiasme nouveau auquel il ne manquait guère qu’une musique entrainante. Les détails insolites sautaient à l’œil. Il y avait cet homme marchant pieds nus, l’air hagard. Un peu plus loin, quelques hommes encravatés dégustant une saucisse de veau sur le coup des huit heures et sous l’œil amusé de touristes asiatiques. Au bord du lac, des joggers dans le ciel rosé du matin, étranges silhouettes mouvantes sur fond d’aquarelle.

Arrivé à destination, l’idée paraissait toujours si inoffensive. Le bonheur est-il si proche qu’il suffise de changer de chemin pour le trouver ? Peu à peu, je soupçonnais l’auteur de l’article que j’avais consulté par hasard d’avoir cherché à nous ouvrir les yeux. Le bonheur ne réside-t-il pas dans un changement de perspective sur sa propre vie ? Se regarder sous un angle nouveau pour voir ce que nous sommes, mais pour surtout pour reconnaitre nos potentialités infinies ? Rien ne sert de se placer face au miroir, dans un mouvement d’introspection profond, pour entamer cette réflexion. Il suffit peut-être de changer son chemin quotidien, déclenchant un effet domino dont on ne sait où il mènera. Et si l’idée ne devait pas vous convaincre, chers lecteurs, refermez tranquillement ce magazine et dites à haute voix « Un article de plus sur la recherche du bonheur ».

Johan Rochel
www.chroniques.ch

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