mardi 10 novembre 2009

Le ciel, la Suisse et les minarets

Ce n’est pas le lieu pour répéter les excellents arguments qui s’opposent à l’initiative anti-minarets. Le débat ne peut d’ailleurs se faire autour de simples constructions à caractère religieux, qu’on ne saurait affubler d’une prétendue volonté d’expansion violente. De manière logique et d’ailleurs si peu cachée, ce sont les Musulmans eux-mêmes qui sont visés par les initiants, qui peinent à dissimuler les relents islamophobes de leur entreprise. « Pour vivre heureux, vivez cachés » semble penser l’inénarrable Oskar.

Ce n’est pas non plus le lieu pour répéter que la Suisse n’a pas de problèmes avec ses habitants musulmans, dont plusieurs milliers possèdent d’ailleurs le passeport à croix blanche. De quoi grincer des dents lorsqu’on entend à longueur d’arguments opposer nationalité suisse et religion musulmane.

Le point le plus important de cette initiative nauséabonde pourrait bien être son inutilité complète. Car même si l’on venait à supposer qu’il y a un problème musulman en Suisse, qu’une islamisation rampante est à l’œuvre et que le communautarisme le plus crasse a d’ores et déjà ruiné notre Etat de droit – ce que je conteste avec véhémence – accepter l’initiative anti-minarets ne résoudrait rien. Nada.

Interdire les minarets ne peut d’aucune manière aider à stopper les prétendus terroristes barbus à l’œuvre dans les mosquées. Il y a même fort à parier que les extrémistes de tout poil sortiraient renforcés d’une telle initiative. A l’inverse d’une interdiction contreproductive, la ligne de conduite à adopter se résume à deux axes : faire respecter nos lois et encourager un dialogue ouvert et transparent avec les autres cultures. Les initiants n’ont-ils pas compris qu’une présence visible est indissociable d’une meilleure intégration et d’un devoir accru de transparence ?

Pas question de nier que des débats de fond doivent être menés, notamment sur les difficiles questions de port du voile ou d’intégration des Musulmans fondamentalistes. Mais cette initiative produit l’exact effet inverse : elle empêche la tenue d’un débat correct, porteur de solutions à long terme. Elle discrimine, stigmatise et blesse l’immense majorité d’une communauté qui ne demande rien de mieux que de vivre dans une paix confessionnelle. Quant aux autres éléments – les apprentis Bin Laden soi-disant présents sur notre sol – il faut les surveiller de près et agir le moment opportun. La preuve par l’acte : en 2003, le Valais a renvoyé un imam jugé potentiellement dangereux pour la paix confessionnelle. Puisse le peuple suisse faire le bon choix le 29 novembre.

Johan Rochel
www.chroniques.ch

Aucun commentaire: