lundi 1 décembre 2008

Se réapproprier les institutions


Selon la formule avancée par le Dr Eric Bonvin, l’hôpital de Malévoz est « un lieu de soins ouvert ». Plus qu’une formule creuse, la marque de fabrique montheysanne interroge en profondeur le rapport qu’entretiennent société et institutions.
Alors que les préjugés sont encore nombreux et tenaces, le concept d’ouverture invite à penser le séjour en hôpital psychiatrique d’une manière non stigmatisante. Sous la forme d’une simple promenade à travers son parc, l’hôpital de Malévoz fait déjà moins peur. Il n’est plus cet univers replié sur lui-même, où les patients disparaissent le temps d’une cure plus ou moins longue. Peu à peu, il devient lieu de vie au cœur de la cité.
Mais Malévoz n’est qu’un exemple parmi de nombreuses institutions que l’on pourrait qualifier de « tabouisantes ». Comprenez par là ces institutions symboles d’une déchéance, où personne ne souhaite atterrir. La liste des exemples est longue : aide sociale pour les « pauvres », home de personnes âgés pour les « vieux », repas communautaire pour les « paumés ». Ces lieux de vie nous renvoient le meilleur des miroirs pour découvrir où sont nos tabous face à une réalité parfois insoutenable, de la mort à la solitude.
Le danger semble grand de voir évoluer ces institutions vers de nouveaux ghettos. Le problème appelle une réponse durable, car il est pour le moins peu probable que la pauvreté, la solitude, les souffrances psychiques ou la mort disparaissent de nos quotidiens. Malgré nos richesses matérielles, nous n’éluderons pas la question, bien au contraire. La politique d’ouverture est-elle une (première) réponse à ce défi d’importance capitale ?
L’ouverture a au moins le mérite d’amener le public à découvrir ce qui se passe derrière des portes autrefois closes. Dans un moment crucial pour la cohésion du tout, elle rappelle que nous vivons au sein d’une seule et même société, pour le meilleur comme pour le pire. Un repas en commun ou un café aux Tilleuls marque le début d’un processus de réappropriation de ces lieux de destinée humaine.

Johan Rochel

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