Voilà bien des années que je n’habite plus la région du Chablais. Au gré
des invitations, des rencontres ou des obligations, je reviens à Monthey,
m’établissant quelques jours sur les bords de la Vièze. Comme pour beaucoup,
les Fêtes de fin d’année marquent un moment particulier. A la manière d’un
clocher rappelant les membres dispersés, les festivités sonnent le retour au
bercail. A y regarder de plus près derrière les vitres embuées, les cafés se
remplissent alors de vieux amis et connaissances. Entre les discussions à voix
basse et les retrouvailles fortes en émotions, les bistrots vibrent de ces
moments partagés. Partout, l’odeur de l’amitié se répand.
En cette froide soirée du début janvier, je déambule dans ces rues si
familières. Certaines enseignes ont beau avoir changé, un profond sentiment de
familiarité m’envahit. Les visages se bousculent dans ma mémoire. La famille,
les amis, ces figures connues mais anonymes qui forment le décor de la cité,
tous semblent être réunis. 2012 a commencé sans attendre et je tente de presser
le pas. Mais rien n’y fait : le regard s’accroche alentours, la foulée se
fait moins énergique et la pensée s’égare au rythme des souvenirs.
Y a-t-il meilleur moment que ces retours pour mesurer le passage du
temps ? Les bébés sont devenus enfants. Pour le plus grand bonheur d’une
famille réunie, ils articulent quelques mots, premiers pas tangibles dans le
monde des humains. En l’espace d’un instant de vie, ce sont eux qui
déambuleront dans les rues, songeant aux réussites que leur réserve la nouvelle
année. A la pensée de ces êtres en devenir, une pensée émue s’envole vers tous
les autres. Et leurs parents ? Et leurs grands-parents ? Et tous ceux
qui vécurent en 2011 leur dernier premier jour de l’An ? Les Fêtes de fin
d’année ont cela de cruel qu’elles tirent un trait définitif sur un moment de
vie. Au passage de minuit, les erreurs et les faiblesses sont inscrites au
grand livre du temps. Comme les deux faces d’une même médaille, tandis qu’il
cristallise l’année écoulée, l’an neuf s’ouvre sur un univers de promesses à
venir.
Alors que je me hâte à travers les rues, 2012 déploie ses premiers
instants. Que nous réserve l’année nouvelle et surtout, qui sera avec nous pour
en profiter ? Je me donne rendez-vous dans un tour de cadran de notre vie
humaine. Certaines vitrines auront changé. Certains proches seront devenus des
souvenirs aimés. Certains enfants seront nés. A l’année prochaine.
Johan Rochel
www.chroniques.ch
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