lundi 6 septembre 2010

Une révolution conservatrice est en marche

Il faut parfois prendre un brin d’altitude pour oser une interprétation dégagée sur certaines évolutions. Le nombre d’initiatives populaires s’attaquant de front au régime des droits de l’homme est en augmentation. A l’horizon pointe déjà une lame de fond portant sur la Convention européenne des droits de l’homme. Et la confusion savamment entretenue entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ne manquera pas d’offrir à ses détracteurs une occasion rêvée de faire coup double : des droits de l’homme qui tuent la démocratie et une Europe qui étouffe peu à peu un pays souverain.

Mais pourquoi cette attaque sur les droits de l’homme ? Plus que tout autre phénomène transnational, les droits de l’homme sont la manifestation d’un monde en changement. Les acteurs économiques, politiques ou culturels sont pris dans des réseaux d'interactions permanentes, les normes acquièrent une validité au-delà des frontières et des structures de collaboration supranationale se mettent partout en place.

C’est face à cette réalité que la révolution conservatrice déploie toute son énergie. Mais que recouvre-t-elle ? Une forme de déliquescence de la culture politique, prête à remettre en question ses propres fondements dans une posture de négation de la réalité. Cette révolution se concentre autour d’une conviction aussi forte que difficilement tenable : la Suisse est un îlot qu’il convient de protéger de toutes influences extérieures. Face à ces phénomènes transnationaux profonds, les conservateurs semblent prêts à courir tous les risques, quitte à pactiser avec des forces franchement réactionnaires ou ouvertement xénophobes. Détournant les instruments de notre démocratie, ils attaquent sans relâche toute intrusion supposée dans la « souveraineté » suisse.

Comment lutter contre cette révolution conservatrice ? La réponse se trouve dans le diagnostic. Il faut appeler à un renouveau de la culture politique suisse, une culture à la fois démocratique, libérale et positivement ouverte sur l’Autre. Le plus grand piège serait de croire que l’on peut ériger des barrières exclusivement légales face à cette révolution. La discussion sur les critères d’invalidation des initiatives populaires, encore menée presque exclusivement sous un angle juridique, pèche par excès de formalisme. Outre de nécessaires garde-fous, la seule solution durable passe par une réappropriation des fondements et de la place de notre État dans le monde, mais également par un appel à la responsabilité, la transparence et au courage politique. Première échéance avec l'initiative moutons noirs.

Johan Rochel
www.chroniques.ch

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Das Volk über ein Anliegen abstimmen zu lassen, welches von Vornherein als nicht umsetzbar gilt, ist einer Demokratie nicht förderlich. Die Ausweitung der formellen Gültigkeitsprüfung ist zu prüfen.

In dieselbe Richtung:
Politische Anliegen werden meines Erachtens allgemein zu oft für parteitaktische Spiele zweckentfremdet.

Jüngstes Beispiel: Allianz von SP und SVP in der Schlussabstimmung zur 11. AHV-Revision.

Simon