lundi 6 octobre 2008

Attention, erreur logique

Une fois n’est pas coutume, cette carte blanche ne parlera pas de politique ou d’actualité de société. En fait, elle souhaite s’intéresser de près à une petite erreur de logique. Un biais qui vient souvent perturber notre capacité à bien juger une situation.
Imaginons un exemple fictif. Notre terre compte environ 100'000 terroristes, prêts à faire sauter tout ce qui leur déplait. Notons que je serai prêt à parier que neuf lecteurs sur dix ont en ce moment en tête le terme « musulman ». Mais peu importe, ce n’est pas l’objet de la présente chronique.
100'000 terroristes donc, que l’on supposera tous musulmans. Admettons maintenant que le nombre total de Musulmans sur terre se chiffre un peu près à 1 milliard. Cela signifie donc que 0,01% de cette population musulmane est terroriste.
C’est précisément sur ce point que la logique est parfois mise à mal. Subrepticement, sans prévenir, on passe de la proposition « tous les terroristes sont musulmans » (100'000 personnes) à la proposition « tous les Musulmans sont des terroristes » (1 milliard de personnes). Entre les deux, il n’y a pourtant aucun lien : un néant de logique. Une erreur banale, mais que nous avons presque tous commis une fois ou l’autre. Et même si l’on ne va pas au bout de l’argument, il reste l’impression d’un raisonnement correct. En conséquence, les Musulmans seraient d’une quelconque façon plus enclins à devenir terroristes. Certains esprits malintentionnés ne manquent d’ailleurs pas d’exploiter cette faiblesse de notre faculté de bien juger. Je vous livre ici un exemple à consonance plus helvétique et vous laisse soin de dénicher qui sont les esprits malveillants.

Admettons que la totalité des 1'000 criminels les plus dangereux que compte la Suisse soient originaires des Balkans. Souhaitant ostraciser ce groupe de personnes, certains commettent volontairement l’erreur décrite ci-dessus, passant de « tous les criminels viennent des Balkans » à « toutes les personnes des Balkans sont criminels ». Un lien quelconque entre les deux propositions autorise-t-il à tirer cette conclusion ? Il n’y a là qu’un nuage de fumée, un argument insidieux et parfait pour attiser un climat de haine à des fins politiques.

Johan Rochel
www.chroniques.ch

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